Théologie pratique
Lumen Vitae
20 janvier 2016
5 x 14,5 x 23,6 cm
891
L'ouvrage est monumental, puisqu'il collecte 57 contributions de 51 collaborateurs du Canada, de France, de Belgique, mais aussi de Rome ou de Suisse. Il se présente en deux grandes sections, l'une consacrée à la théologie pratique elle-même, l'autre, à ses actes fondateurs. La première section s'interroge d'abord sur ce «nouveau» vocable. La théologie pratique désigne, depuis F.-D. Schleiermacher, «la science positive qui consiste à résoudre des tâches pratiques en développant des règles de l'art en vue de l'accomplissement réfléchi de toutes les tâches inhérentes à la 'direction de l'Église'» (B. Kaempf, 9-10). Comme le note M. Viau, «aucun autre champ d'études théologiques n'adopte les pratiques comme objet matériel, hormis peut-être la théologie morale qui le fait par un autre biais» (44). Du côté francophone, on pense que «la théologie pratique aurait la tâche difficile, mais fondamentale, de nouer la gerbe en vue de l'action. Il y a quelque chose de synthétique en elle, ce qui la rapproche sur ce point de la dogmatique. Le domaine de l'ecclésiologie en est le meilleur exemple» (H. Mottu cité par K. Blaser, 209); la typologie dite de l'Église naissante (marturia, leiturgia, koinônia, diakonia) vient alors au premier plan (M. Viau, 243). Ainsi rapprochée de la morale et de la dogmatique, la théologie pratique n'est pas pour autant séparée des Écritures inspirées, puisque l'un de ses instruments d'analyse consiste dans ces «récits de vie» (J.-M. Donegani, 105) qui forment bien entendu l'initium de l'Histoire sainte elle-même («Dieu dit à Abraham…», Gn 12,1) et de l'intrigue qui s'en suit, jusqu'au bout du Nouveau Testament.
Selon la deuxième section, les actes fondateurs de la théologie pratique consistent d'abord à «proclamer» l'Évangile, puis à «célébrer» les temps et les identités; ensuite, il s'agit de «développer» (c'est-à-dire, gouverner et accompagner) personnes et institutions et enfin, de «soutenir» l'action solidaire dans l'espace social. Lire la Bible est donc la première pratique fondatrice, celle qui permet, selon la suite des articles, de faire résonner la Parole en catéchèse ou dans la prédication, aussi bien que de communiquer dans les médias de masse ou de témoigner, «par la faillibilité de l'expérience et du langage des humains». Ainsi, la tâche propre de la théologie pratique est bien de «s'intéresser à la pratique, au libre partage et à la dimension révélante du témoignage, et non seulement à l'orthodoxie de son contenu» (J.-G. Nadeau, 436). Plus qu'un «précis» au sens classique du terme, l'ouvrage devient espace de référence, où s'atteste «un savoir qui ne se sait pas» (L. Gagnebin, 199), mais cherche à modifier le monde, dans les limites de ce que nous sommes (M. Viau, 52). - N. Hausman scm
L’auteur
Gilles Routhier est un théologien catholique renommé. En plus de son enseignement régulier à La Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’université Laval (1992 – ), il a été professeur invité à l’Institut catholique de Paris (2002 à 2007). Il a assuré également des enseignements à l’Institut dominicain de pastorale de Montréal (2001, 2004, 2011 et 2012), à l’Institut international Lumen Vitae, Bruxelles (2005 et 2011) et à l’Institut de théologie pratique de l’Université catholique de l’Ouest, Angers (2003 et 2005), à l’Université de Lucca (2002) au Studium des monastères cisterciens d’Oka et de Mistassini affilié à l’Université Laval (2008) et au Studium du monastère de Bose, Italie (2007 et 2008).
Ses domaines d’enseignement sont l’ecclésiologie, la missiologie, la théologie mariale, la théologie pratique et pastorale, l’histoire du catholicisme québécois, l’histoire de la théologie, l’histoire, la réception et l’herméneutique de Vatican II.
L’ensemble de ses recherches peuvent être regroupées autour d’un axe fédérateur : l’évolution du catholicisme contemporain, spécialement au Québec. Elles empruntent toutefois plusieurs directions : Vatican II et le Québec des années 1960, la pratique du gouvernement ecclésial dans l’Église catholique, la mutation actuelle de la paroisse, la communication de la foi, les missions et l’inculturation du christianisme, l’histoire de la théologie. La recherche menée sur Vatican II, son histoire, sa réception et son herméneutique, demeurant la plus importante.