Le diacre n’est pas « un prêtre en second », il est « autre chose », il est le gardien du « service dans l’Eglise, explique le pape François.
Le pape François a prononcé sa 9ème catéchèse sur les Actes des apôtres, au cours de l’audience générale qui a eu lieu ce mercredi matin 25 septembre 2019, sur la Place Saint-Pierre du Vatican. Devant les milliers de pèlerins et de touristes venus du monde entier et de toute l’Italie, le pape François a commenté la vocation et la mort par lapidation du diacre Étienne (chapitres 6 et 7).
Le pape a saisi l’occasion pour rappeler quelle est la mission du diacre dans l’Église : il « n’est pas un prêtre « en second », il est autre chose ; il n’est pas pour l’autel, mais pour le service. Il est le gardien du service dans l’Église ». « Quand un diacre aime trop aller à l’autel, a-t-il poursuivi, il se trompe. Ce n’est pas sa voie. Cette harmonie entre le service de la Parole et le service de la charité représente le levain qui fait grandir le corps ecclésial ».
Lorsque le diacre Étienne est lapidé à mort par ses adversaires, il manifeste « la véritable “étoffe” du disciple du Christ », déclare le pape François.
Pour le pape, les dernières paroles de saint Etienne « Seigneur, reçois mon esprit » et « Seigneur, ne leur compte pas ce péché » enseignent que « ce ne sont pas les beaux discours qui révèlent notre identité d’enfants de Dieu, mais que seuls l’abandon de notre vie dans les mains du Père et le pardon donné à ceux qui nous offensent nous font voir la qualité de notre foi ».
Voici notre traduction de la catéchèse en italien du pape François.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat
Catéchèse en italien du pape François
Chers frères et soeurs, bonjour !
À travers le livre des Actes des apôtres, nous continuons de voyager : le voyage de l’Évangile dans le monde. Saint Luc montre avec un grand réalisme la fécondité de ce voyage ainsi que le surgissement de certains problèmes au sein de la communauté chrétienne. Depuis le début, il y a toujours des problèmes. Comment harmoniser les différences qui cohabitent en son sein sans créer de disputes et de désaccords ?
La communauté n’accueillait pas seulement les juifs, mais aussi les Grecs, c’est-à-dire des personnes provenant de la diaspora, non juives, avec une culture et une sensibilité propres et avec une autre religion. Aujourd’hui, nous disons les « païens ». Et ils étaient accueillis. Cette coexistence détermine des équilibres fragiles et précaires ; devant les difficultés, pointe la « zizanie » et quelle est la pire zizanie qui détruit une communauté ? La zizanie du murmure, la zizanie des cancans : les Grecs murmurent contre le manque d’attention de la communauté envers leurs veuves.
Les apôtres lancent un processus de discernement qui consiste à bien considérer les difficultés et à chercher ensemble des solutions. Ils trouvent une issue en partageant les différentes tâches pour permettre une croissance sereine du corps ecclésial tout entier et pour éviter de négliger la « course » de l’Évangile comme le soin des membres les plus pauvres.
Les apôtres sont de plus en plus conscients que leur vocation principale est la prière et la prédication de la Parole de Dieu : prier et annoncer l’Évangile ; et ils résolvent la question en instituant un noyau de « sept (…) hommes qui soient estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse » (Ac 6,3) qui, après avoir reçu l’imposition des mains, s’occuperont du service des repas. Il s’agit des diacres qui sont créés pour cela, pour le service. Le diacre, dans l’Église, n’est pas un prêtre en second, il est autre chose ; il n’est pas pour l’autel, mais pour le service. Il est le gardien du service dans l’Église. Quand un diacre aime trop aller à l’autel, il se trompe. Ce n’est pas sa voie.
Cette harmonie entre le service de la Parole et le service de la charité représente le levain qui fait grandir le corps ecclésial.
Et les apôtres créent sept diacres, et parmi les sept « diacres », Étienne et Philippe se distinguent particulièrement. Étienne évangélise avec force et parrhésie (du grec parrhèsia, audace, liberté de parole, ndlr) mais sa parole rencontre les résistances les plus obstinées. Ne trouvant pas d’autre manière pour le faire cesser, que font ses adversaires ? Ils choisissent la solution la plus mesquine pour annihiler un être humain : c’est-à-dire la calomnie et le faux témoignage. Et nous savons que la calomnie tue toujours. Ce « cancer diabolique », qui nait de la volonté de détruire la réputation d’une personne, agresse aussi le reste du corps ecclésial et lui nuit gravement quand, pour des intérêts mesquins ou pour couvrir ses propres manquements, on se ligue pour salir quelqu’un.
Conduit au sanhédrin et accusé par de faux témoins – on avait fait la même chose avec Jésus et on fera la même chose avec tous les martyrs à travers de faux témoins et des calomnies – Étienne proclame une relecture de l’histoire sacrée centrée sur le Christ, pour se défendre. La Pâque de Jésus mort et ressuscité est la clé de toute l’histoire de l’alliance. Devant cette surabondance du don divin, Étienne dénonce courageusement l’hypocrisie avec laquelle les prophètes et le Christ lui-même ont été traités. Et il leur rappelle l’histoire en disant : « Y a-t-il un prophète que vos pères n’aient pas persécuté ? Ils ont même tué ceux qui annonçaient d’avance la venue du Juste, celui-là que maintenant vous venez de livrer et d’assassiner. » (Ac 7,52). Il ne parle pas à demi-mot, il parle clairement, il dit la vérité.
Cela provoque la réaction violente de ses auditeurs et Étienne est condamné à mort, condamné à la lapidation. Mais il manifeste la véritable « étoffe » du disciple du Christ. Il ne cherche pas d’échappatoire, n’en appelle pas à des personnalités qui peuvent le sauver mais remet sa vie entre les mains du Seigneur. La prière d’Étienne est très belle, à ce moment-là : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit » (Ac 7,59) et il meurt en enfant de Dieu, en pardonnant : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché » (Ac 7,60).
Ces paroles d’Étienne nous enseignent que ce ne sont pas les beaux discours qui révèlent notre identité d’enfants de Dieu, mais que seuls l’abandon de notre vie dans les mains du Père et le pardon donné à ceux qui nous offensent nous font voir la qualité de notre foi.
Aujourd’hui, il y a plus de martyrs qu’au début de la vie de l’Église, et les martyrs sont partout. L’Église d’aujourd’hui est riche de martyrs, elle est irriguée par leur sang qui est « semence de nouveaux chrétiens » (Tertullien, Apologétique, 50, 13) et qui assure la croissance et la fécondité du peuple de Dieu. Les martyrs ne sont pas des « images pieuses » mais des hommes et des femmes en chair et en os qui, comme le dit l’Apocalypse, « ont lavé leur robe, (…) les ont blanchies par le sang de l’Agneau » (7,14). Ce sont les vrais vainqueurs.
Demandons nous aussi au Seigneur qu’en regardant les martyrs d’hier et d’aujourd’hui, nous puissions apprendre à vivre une vie pleine, accueillant le martyre de la fidélité quotidienne à l’Évangile et de la conformation au Christ.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat